Cœurs et diamants



Salman Masalha ||


Cœurs et diamants

En cette fin d’été, les sons dissonants se mêlent dans l’air. Au cours de ce mois de Ramadan qui vient de frapper à la porte de la ville, les voix non synchronisées des muezzins déchirent le ciel. Chaque voix, avec son timbre propre, jaillit des magnétophones enclenchés dans les minarets des mosquées diffusant dans la ville arabe. En entendant ces voix, tout à coup, les cloches des églises se mettent à sonner dans une farandole de notes qui monte et monte et puis s’estompe pour laisser la place à d’autres sons provenant de la nature, qui tentent, à leur manière, de s’intégrer à la symphonie inachevée de la ville.

Les pommes de pin, semblables à des chauves-souris pendues aux branches des arbres, ont commencé à éclater, de rire sans doute, cette fois, après avoir entendu les bruits étranges portés par l’air chaud. Personne ne doit faire de mal aux chauves-souris ; parce que, selon la légende, elles ont contribué jadis à éteindre un feu dans la ville. Quand les flammes avaient envahi le Temple, elles avaient volé jusqu’à la mer pour rapporter de l’eau. Et comme si le rire des chauves-souris crépitant dans les arbres ne suffisait pas, le vrombissement des bulldozers entre en action : les machines qui creusent émettent alors un bruit métallique en frappant contre le rocher dans un vacarme assourdissant.

Je cherche le roi Salomon. C’est lui qui dira aux génies de me sauver de la punition que m’infligent les bulldozers. Car, suivant la tradition arabe, il avait employé des génies dans la construction de la ville et du Temple. Mais les tavaux perturbèrent tellement le repos des habitants qu’ils descendirent dans la rue manifester leur colère.

Salomon convoqua alors ses vizirs et ses génies. A ces derniers, il dit : «Quelle sorte de génies êtes-vous? N’y a-t-il pas une manière de creuser la roche, sans ce bruit assourdissant ?»
«Un seul génie peut le faire», répondit l’un des génies. «Son nom est Sakhr (rocher) et il vit loin, très loin d’ici, dans une mer lointaine». Salomon ordonna immédiatement qu’on lui amenât ce Sakhr.

***

Clameur et tumulte ! J’en avais été déjà submergé lors de ma première visite dans ces lieux. Le roi Salomon ne vit plus ici, me suis-je dis, et personne ne pourra faire baisser le niveau sonore. Personne ne mettra un terme au découpage de la pierre par la scie.
Non loin d’ici, sur une colline surplombant la vieille ville, un drapeau bleu et blanc claque au vent. Non, ce n’est pas celui que vous pensez, il s’agit d’un autre drapeau qui vient de loin, de l’au delà des mers. Robert Bruce, le roi d’Ecosse, voulait se rendre à Jérusalem, mais n’ayant pu réaliser son rêve, il ordonna qu’après sa mort, son coeur fût enterré là-bas. Ainsi, lorsqu’il décéda, son chevalier, Douglas Black, plaça son cœur dans un coffret en argent et l’emporta avec lui.

En Espagne, lors d’un combat contre les Sarrasins, ce Douglas jeta le coffret sur le champ de bataille et dit: « Va d’abord, cœur vaillant, au combat, comme tu en avais l’habitude et Douglas te suivra». Le coffret fut retrouvé ensuite, transpercé par des lances. De retour en Ecosse, le cœur de Bruce fut enterré dans une église d’Edimbourg.
Les soldats écossais venus à Jérusalem avec les forces britanniques durant la Première Guerre mondiale n'avaient pas oublié leur roi et son testament. Ils fondèrent l’Église d’Ecosse, ici sur la colline, en souvenir de Bruce, au «cœur vaillant».

***

Tout le long de sa vie, Jérusalem a connu le sang et la sueur. Elle a accueilli d’innombrables étrangers. De bien étranges étrangers à vrai dire !

Dans cette ville, l’étrangeté est différente de celle d’autres villes. Ici, elle est l’essence de la poésie. De toujours, Jérusalem a été (il serait plus correct de dire : sera toujours) une attraction pour une multitude d’illuminés. Toute sorte de pérégrins rêveurs et fous – depuis les rois jusqu’aux plus humbles, issus de toutes nations, religions et couleurs – y ont afflué. A la différence des autres villes dans le monde, son nom est associé à un dérangement mental, attesté par d’éminents médecins : «le syndrome de Jérusalem». Il se manifeste chez ceux qui, parvenus aux portes de la ville, se croient dotés soudain de pouvoirs prophétiques, les autorisant à annoncer la fin des jous. Pourtant, les jours s’écoulent, et on n’en voit pas la fin.

Il se trouve que je suis entré aussi par les portes de la ville comme un étranger ; c’était dans les années 1960, et je n’avais pas encore l’esprit dérangé. La Jérusalem de l’époque me semblait un lieu magique. Mais tout ce dont je me souviens est une terrasse donnant sur la porte de Damas et la Vieille Ville. Jérusalem n’avait pas encore été «réunifiée », comme le cliché hébreu le clama après la guerre de juin, 1967. Le nom hébreu de cette guerre, la guerre des Six Jours, est tiré du récit de la création dans la Genèse. En arabe, un terme a été spécialement inventé pour évoquer la défaite des armées arabes: la Naksa. Désormais, la Naksa désigne à la fois une inclinaison de la tête et une retraite temporaire avant le grand renouveau arabe. Et on fera comme si la tête arabe ne s’était jamais inclinée vers le bas. Pourtant, cette Naksa dure depuis plus de quatre décennies.

Je venais alors de la lointaine Galilée dans le cadre d’un voyage scolaire. Des murs de barbelés séparaient l’est de l’ouest. L’est du pays était gouverné par le Royaume hachémite de Jordanie. L’est était alors si proche, si éloigné !

Et puis un jour d’été, une décennie plus tard, je me retrouvai assis dans un café du centre ville. Maintenant comme auparavant, des gens de toute couleur et parlant toutes les langues vaquent à leurs affaires quand soudain, un cri rythmé se fait entendre : «La Terre Sainte, pécheurs et fils de putes ...» L’homme et la voix font leur chemin dans la foule, et disparaissent. Seuls les échos de sa voix restent derrière. Gravés, ici et là, dans les sourires des passants.

Au cours de ces années, j’ai assisté au changement d’aspect de la ville. Des collines furent excavées, un mur et des tours surgirent à l’horizon, de nouvelles murailless cernèrent de près la ville et le cœur de ses habitants. Non loin de ce café, on continue de creuser encore et encore. On construit l’infrastructure d’un train léger sur rail ; du moins c’est ce qu’ils disent. Ce ne sera donc point un chemin vers les cœurs, mais la voie d’un train qui va traverser maladroitement la ville, un train qui viendra de nulle part et ira nulle part, pétendant unir l’Orient et l’Occident. Mais cette ville n’a ni orient ni occident…

***

Lorsque Salomon ordonna à ses génies de lui amener Sakhr, ils lui dirent que c’était là une mission très difficile. Ils expliquèrent que Sakhr était doué d’une force extraordinaire et qu’il n’y avait qu’une seule façon de l’attraper: une fois par mois, Sakhr venait sur une île pour boire tout son saoul d’eau. Il fallait donc assécher la source et remplacer son eau par du vin. Ainsi quand il aura tout bu, il sera ivre et perdra ses forces. Salomon répondit que peu lui importait la manière de l’amener.

La ville de Jérusalem est bâtie sur des légendes. Pour conforter la légitimité de l’islam, Muhammad s’envola de Médine à Jérusalem monté sur la jument al-Buraq, le même cheval ailé qui avait appartenu au roi Salomon, comme le soutient la tradition musulmane. A l’inverse, la tradition juive n’a pas autorisé Moïse à entrer dans la terre promise et dans cette ville parce qu’il avait choisi de frapper un rocher plutôt que de le raisonner.
Je grimpe au sommet d’une autre colline, dans le voisinage du quartier d’Abou Tor, et je contemple la vieille ville et le désert de l’autre côté de la rivière. Je lève les yeux au ciel, en essayant d’imaginer le cercueil d’Aaron, tel que les Enfants d’Israël le virent décrire des cercles dans le ciel.

Cette colline où je me tiens est le Tur Haroun, la colline d’Aaron. La légende rapporte que, lorsque les enfants d’Israël adorèrent le veau d’or, Moïse voulut venir ici parler à son Dieu. Son frère, Aaron se proposa de l’accompagner, et Moïse dut accepter bien malgré lui. Sur le chemin, ils aperçurent deux hommes qui creusaient une tombe, et ils leur demandèrent : « À qui est cette tombe ?»

Les fossoyeurs répondirent : «Cette tombe est destinée à un homme exactement de cette taille», et ils indiquèrent Aaron. Puis ils lui dirent : « Pour l’amour de Dieu, couchez-vous dans cette tombe afin que nous puissions la mesurer».

Aaron enleva ses vêtements et s’allongea. À cet instant précis, Dieu prit l’âme d’Aaron et la tombe se referma sur lui. Moïse rassembla les vêtements d’Aaron et fit demi tour. Le voyant retourner seul, les enfants d’Israël l’accusèrent d’avoir tué son frère. Et comme il était incapable d’expliquer la disparition de son frère, Moïse appela son Dieu. Qui répondit à ses prières en montrant aux enfants d’Israël la tombe d’Aaron, virevoltant dans le ciel au-dessus de cette colline, Tur Haroun.


***

Les génies se mirent en route, comme Salomon le leur avait ordonné. Ils se rendirent à la source et remplacèrent l’eau par du vin, puis ils se mirent en embuscade. Plusieurs jours s’écoulèrent, et Sakhr n’apparaissait pas. Alors, ils songèrent à partir, mais tout d’un coup, le génie Sakhr surgit de nulle part, marchant doucement vers la source. À sa grande surprise, il vit du vin couler de la source et après avoir hésité, il partit sans avoir étanché sa soif. Les jours suivant, Sakhr retourna régulièrement à la source mais sans y boire, puis il finit par céder et but jusqu’à étancher sa soif et tomber, ivre comme Lot. Les génies qui l’épiaient se jetèrent sur lui, l’attachèrent et l’emmenèrent à la cour de Salomon.

Quand Salomon lui eut dit les raisons de sa séquestration, Sakhr dit : «Vous devez apporter ici un nid d’aigle entier avec ses œufs». A la demande de Salomon un nid fut trouvé et placé dans le désert au sommet d’une montagne, et ordre fut donné de l’entourer de parois de verre blindé transparent.

Quand l’aigle retourna chez lui, il ne trouva ni le nid, ni les oeufs. Il s’envola dans le ciel et fit des cercles en altitude jusqu’à ce qu’il aperçut le nid. Il vint se poser dessus, et essaya de picorer le verre avec son bec et de le gratter avec ses griffes. En vain. Désespéré, il s’envola.

Le lendemain, il revint avec une pierre samur dans son bec. Il décrivit des cercles au-dessus du nid et laissa tomber le samur qui brisa la cloche de verre. L’Aigle ramassa alors le nid et partit. Sakhr se rendit sur le site, trouva la pierre et l’apporta à Salomon.


***

Jérusalem est entourée de collines. Parmi celles-ci, il y en a une où se trouve une grotte semblable à une maison. Dans un passé lointain, les gens venaient la visiter. Quand la nuit tombait sur la colline, la grotte s’éclairait d’une lueur rougeoyante, sans qu’il y eût à l’intérieur lanternes, lampes, ou bougies.

Depuis que j’ai lu cette légende, j’erre dans les collines de Jérusalem à la recherche de la grotte illuminée. Je viens tout juste de la trouver. Mais je garde secret son emplacement et je m’y rends de temps en temps tout seul. Tout au fond de la grotte, coulent dans toutes les directions de minces filets d’un liquide mousseux couleur de vin. A cause de tout ce bruit alentours, j’ai pris ma décision : à ma prochaine visite, j’étancherai ma soif avec ce liquide rouge sans m’inquiéter de perdre mes forces.

***

Salomon, qui connaissait le langage des animaux, ordonna à ses génies de lui amener l’Aigle. Quand celui-ci fut devant lui, il l’interrogea sur l’origine de la pierre samur. L’aigle lui indiqua une très haute montagne, tout à l’ouest.

Salomon ordonna alors à ses génies de s’y rendre avec l’Aigle et de lui rapporter de cette pierre spéciale. Les génies y allèrent et en rapportèrent autant qu’ils pouvaient en soulever. Certains disent que le samur est le diamant, avec lequel les génies excavèrent et taillèrent par la suite les pierres de Jérusalem, sans faire de bruit et sans déranger la tranquillité des habitants.

Le roi Salomon ne vit plus ici, me suis-je dit, et le vacarme des bulldozers remplit l’air de la ville et ne me laisse aucun repos. Pour me distraire de cette nuisance, je me lève, me verse un verre de vin et allume une cigarette. Puis je place le verre sur le rebord de la fenêtre et contemple les larmes rouges couler sur la face interne du verre transparent, glisser sur les parois comme de la rosée de diamants se mélangeant graduellement avec la lueur rouge du soleil couchant au-dessus de la Vieille Ville.


Jérusalem, Août-Septembre 2009

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Publié en: Qantara, n° 73, Institut du monde arabe, Paris 2009

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4 Poems (Gujarati)

Salman Masalha

4 Poems

(Translated into Gujarati by G. M. Sheikh)

(1) Partridge Tail

Tetar Ni Poonchhdi


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(2) Father Too

Bapu Pan



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(3) Vespa

Bhamari


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(4) Scorpio

Vrishchik Rashi


Translated into Gujarati by Gulam Mohammed Sheikh, ETAD, Nos. 5-6, vol. IXX, Baroda, India 1999

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Black, But Green (Russian)

Salman Masalha, "Black, But Green", translated into Russian by Gali Dana Singer

5 poems



Salman Masalha

Das Gedicht

Nehmt dem Meer seine Fische
Bringt die Wolken zurück in den Fluss
Hebt die Last der schwangeren Frauen
Von der Bräune der Lippen des Kindes.
Die Zweige des Leids sind belaubt
Und voller Trauer die Märchen
Die aus den Brüsten der Witwen fließen
Wenn die Propheten fortzieh'n
Dann trauert nicht dem Vermissten nach
Und sagt nicht, sagt nicht
Die Hoffnung
Läge
Im Gedicht.


***

Abtreibung

Ich bin im Staub der Straßen geboren
Meine Hände waren Segel
Und ich war der Sturm
Und der Bürgersteig war ein Herbst
Er tat sich auf unter meinen Schuhen
Als Quellen und Lied oder Nachricht.
Ich wachse auf wie der Staub in der Ecke
Der vielen Schritte
Und des Windes wegen.
Meine Wunde treibt Blätter
An der Kreuzung der Sraßen
Sondert Zivilisationseiter ab und
Zündet sich eine Zigarette an inmitten des Lärms
Und trägt ihren leeren Korb
Und fällt zu Boden
Aber sie ist der Abgrund.

***

Das Kleine Mädchen aus Gaza

Das kleine Mädchen aus Gaza baut Nester
Aus Meeresfedern, und der hinter
Der Mauer steht, versteckt in seinen Augen eine Kette
Aus Erinnerungsblättern. Nachdem das Kind
Mit wilden Schritten die Straße überquert hat
Schlüpfen Geschichten aus den Nestern
In der Farbe des Nachmittags laufen Kinder umher
Sie erlauschen aus dem Sand
Der Wüste die leise Stimme
Am Abend löst sich die Kette aus den Augen
Benetzt den Weg zum Meer
Die Nacht schickt das Lächeln
Ins Exil. Der Dichter
Tut seinen letzten Atemzung.

***

Die Sprache der Dichter

Ein Liebender tötet nicht sienesgleichen. Der Fuchs
Frisst heimlich, wenn er hungrig ist. Wer in dieser Welt
Nach etwas sucht, hat seine Lektion nicht gelernt.

Und wir, die Dichter, was sollen wir
Den einfachen Menschen sagen? Sollen wir sagen, das wir
Seit Anbeginn der Schöpfung nichts als Staub gewesen sind,
oder sollen wir schweigen?
Doch wie lässt sich die Sprache des Schweigens
An einen verkaufen, der Umsatz macht?

***

Über die Wüste

Wenn ich hinausziehe zum Grassuchen
So wei sie's mir in den Ersten Büchern aufgetragen haben
Dann nehm' ich ein paar weiße Blätter Papier
Und ein Faxgerät mit. Manchmal
Trag' ich auch einen Walkman,
Der nur FM empfäng. Ich brauche keine Mittel-
Und Kurzwelle. Denn in der Ödnis
Des Leeren Viertels helfen keine Sendemasten
Auch bei meinen verstreut lebenden Stämmen
Und Verwandten nicht.
Ich fürchte, wenn ich fieberhaft
Ausschau halte nach meinen Befinden
Und dabei außer Atem gerate
Dass dann die Stürme und die Winds des Samum
Mich packen. Stattdessen wälze ich mich
In durstigen Echos
Die mit den ersten Strahlen der Sonne ertönen
Eine alte Melodie zu mit tragend
Die der Wind von überall her
Zusammengeholt hat. Und wenn ich
Erschrocken aus meinem Schläfchen erwache

Wie konnten die Sandweiber an ihm kleben?
Ich entferne sie wie Haar aus dem Teig der Seele.

So bleib' ich bei meinen Herden und meiner Abgeschiedenheit
Ziehe weiter durch meine ersten Steppen
Bis ans Ende der Tage
Ohne dass einer mich jemals sieht.

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Anthologie: Nach dem letzten Himmel, Neue Palastinensische Lyrik, herausgegeben von Khalid Al-Maaly, aus dem Arabischen von Khalid Al-Maaly und Heribert Becker, Kirsten Gutke Verlag / Koln-Frankfurt 2003
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Wie geht es weiter?

Salman Masalha

Wie geht es weiter?


Es mag schwierig erscheinen, nach dem Gaza-Krieg über Frieden zu sprechen. Aber es ist Zeit, sich mit den wesentlichen Streitpunkten auseinanderzusetzen, die eine Verständigung zwischen Palästinensern und Israelis verhindern. Israelis müssen zuerst an Israelis denken, nicht an Juden. Und die Palästinenser müssen zuerst an Palästinenser denken, nicht an Muslime. Andernfalls wird der Konflikt ein tief religiöser Kampf um heilige Gräber – ohne Raum für Kompromisse. In den vergangenen Dekaden scheint es, als würden beide Seiten langsam im blutigen Ozean der Religionen versinken.

Um sie aus dem Dreckwasser herauszuziehen, bedarf es eines starken internationalen Drucks: auf Israel, damit es sich komplett aus den besetzten Gebieten, inklusive Ostjerusalem, zurückzieht und ein palästinensischer Staat gegründet werden kann – und auf die Palästinenser, damit sie das Existenzrecht Israels als Nationalstaat aufrichtig anerkennen.

Gleichzeitig müssen beide Nationen in ihrer Verfassung eine Trennung von Religion und Staat verankern. Europa, das maßgeblich an der Schaffung des Problems beteiligt war, kann bei seiner Lösung eine tragende Rolle spielen, indem es den Eintritt von Israel und Palästina in die EU garantiert. Wenn nicht, dann wird diese blutige Tragödie sicher früher oder später Europa erreichen.

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Published in: Kunst+Kultur


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Salman Masalha ||


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La rue pavée d'illusions comme un rêve autorisé
ceux qui s'endorment sur le lit de leur honte
ceux qui veillent la nuit sur un trottoir à peine toléré
ceux qui se lamentent sur leur sort
et ceux a la recherche du succès
ceux qui dans la poitrine taisent leur prière
et ceux qui traversent avec les vents
La barque oubliée sur le fleuve en plein jour
Images d'exils que la nuit a largué
sur mon chemin avant de disparaître
Ô Nuit qui a oublié la rosée dans mon cœur
emmène moi dans un pays que la mort enveloppe
mon corps n'est que lamentations.



Traduit par Samira Negrouche

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Por Um Lado e Pelo Outro


Salman Masalha

Por Um Lado e Pelo Outro

Estas coisas devem ser ditas de uma maneira direta e sem eufemismos. A situação que se desenvolveu nesta terra que se estende desde o mar Mediterrâneo ao rio Jordão – chame-a terra de Israel, se assim preferir, ou de Palestina ou qualquer outro nome que cruze seus lábios - é, sobretudo, uma tragédia gerada pela mão do homem, apesar dos céus terem mexido um pouco nisto.

Por um lado, a organização Hamas, tristemente, não está combatendo a ocupação israelense. Qualquer pessoa que alega o contrário deve, antes de qualquer coisa, levar em conta as declarações do próprio porta-voz do Hamas. Enquanto o acusador não definir os limites da ocupação e não reafirmar seu argumento com citações do próprio Hamas que está resistindo “a esta ocupação”, qualquer coisa que se diga será equivalente a mera futilidade, para ser delicado.

A organização Hamas na Palestina, como Osama Bin-Laden e os talebãs que lutaram contra a ocupação soviética no Afeganistão com a incitação e a ajuda dos Estados Unidos, nasceram com o auxílio do ocupante israelense e são equivalentes a um Golem que se criou e se voltou contra seu criador. O Hamas desfrutou durante muitos anos da ajuda dos líderes da ocupação israelense, que quiseram criar um contrapeso à Organização para a Libertação da Palestina, que já empreendia a luta palestina de libertação nacional.

Este ensaio foi realizado depois da tentativa - e do seu primeiro fracasso - pelos líderes da ocupação, que se nutriam de uma concepção orientalista equivocada e já tinham impulsionado, vários anos antes da criação do empreendimento da colonização dos territórios ocupados, para constituir um contrapeso à liderança urbana que a OLP havia alcançado.

A organização Hamas, que está imersa profundamente na ideologia islâmica, põe em perigo - em primeiro lugar e principalmente - o nacionalismo palestino, e isto pela simples razão de negar inteiramente este nacionalismo, o que não é feito por nenhum outro nacionalismo árabe. Desde a perspectiva do Hamas e de sua ideologia islâmica, a Palestina não é nada mais que uma faixa de terra ocupada que pertence à nação muçulmana que ao mesmo tempo aspira por restaurar sua antiga glória sob a forma de um grande califado islâmico do qual a Palestina constitui somente uma minúscula província. A organização do Hamas reuniu forças não somente do êxito da revolução Khomeinista que se enraizou no Irã, mas também do “Hamas judaico” que emergiu em Israel, como conseqüência do aprofundamento da ocupação israelense nos territórios palestinos depois da guerra de junho de 1967.

Por outro lado, nas últimas décadas, todos os movimentos que Israel e seus numerosos governos fizeram, foram dirigidos a continuar a ocupação israelense, aprofundando-a e perpetuando-a para frustrar a possibilidade do estabelecimento de um Estado Palestino nestes territórios. Cabe destacar que, inclusive, o acordo de paz que Israel se viu obrigado a firmar com o Egito foi subscrito, no final, com os dentes apertados por parte da direita israelense que aposta na ocupação.

O acordo de paz com Egito, inclusive, foi feito, entre outras coisas, para neutralizar o maior dos países árabes e poder continuar com a ocupação dos territórios palestinos. “A autonomia palestina” que foi incluída neste acordo revelou as intenções verdadeiras de Israel, como deixou claro Menachem Begin, em 1979. Ao assinalar que a referência era para a autonomia de pessoas e não à autonomia do território. Em outras palavras, os habitantes palestinos administrariam seus próprios assuntos, porém não teriam o direito de administrar o território. De fato, o território, segundo o “Hamas judaico”, é terra judaica sagrada que nenhum governo tem o direito de renunciar. E assim, a ocupação se aprofundou e os assentamentos judaicos foram ampliados e se multiplicaram.

Desta maneira, assim como o Hamas palestino é hostil ao interesse “nacional” palestino, assim também o “Hamas judaico” é hostil ao interesse “nacional” israelense. E assim, no contexto do conflito, as duas “novas nações emergentes” se fundiram gradualmente numa areia movediça nacional-religiosa; e quanto mais se fundem no pântano de Israel e no pântano da Palestina, mais se somam os que demandam exclusividade sobre o pântano, assim como os que estão se fundindo nele, brigando entre si e asfixiando cada vez mais gente sob seus pés opressores.

Para resgatar os habitantes deste pântano de areias movediças do destino, que é conhecido e se espera de ambos os lados, faz-se necessário continuar o processo para secar o pântano ao invés de passar o lodo de um lado para outro, no momento em que os dois grupos estão pisando nele, ainda empapados de sangue.

Ainda que este processo de dessecagem não seja fácil, pois requer uma mudança na consciência, a única forma de sair do lodo, no qual ambos os lados continuam lutando, é uma transformação da cultura que criou o pântano e que está devorando seus habitantes. Nem os sepulcros de patriarcas judeus nem os sepulcros de patriarcas árabes devem ser as aspirações de judeus e de árabes, porque quem quer que santifique sepulcros de patriarcas terminará enterrando a seus próprios filhos neles. Este pântano já engoliu muitos filhos, de ambos os lados, e está ainda com suas fossas abertas.

Não sou fiel ao nacionalismo de qualquer espécie. Na minha concepção, o nacionalismo é uma doença grave da raça humana, e quando misturado a uma religião que se torna uma santificação de túmulos se converte numa doença maligna e contagiosa, e esta é a realidade na qual está se tornando esta terra diante de nossos olhos.

Esta terra de areias movediças necessita lideranças valentes, tanto no lado israelense como no palestino. Esta terra necessita uma administração israelense valente que atue de maneira séria, sem vacilações, para encerrar a ocupação em todos os territórios ocupados desde 1967. Sim, incluindo a Jerusalém Oriental palestina.

Esta terra de areias movediças necessita igualmente uma direção palestina valente que também atue seriamente, sem vacilos ou sermões, para terminar a ocupação de 1967 e falar francamente à sua gente para conseguir o reconhecimento recíproco entre ambas as terras como dois Estados independentes, com todo o que isto implica no direito internacional.

No momento em que cada um dos dois povos, em dois Estados independentes, construir um Estado secular e democrático em seu próprio lado, deixando claro, que a fronteira entre ambos não terá nenhum significado. Até então, seguiremos esperando a dois “Messías,” um Ataturk israelense e um Ataturk palestino. Até então, ambos os lados terão que dar-se conta que não há uma Grande Terra de Israel e não há uma Grande Palestina.

Cada pessoa em cujo coração esteja plantado profundamente o amor a toda esta terra, com todas suas paisagens, seus lugares e seus habitantes, deve pensar em reparti-la entre um Israel menor e uma Palestina menor.

Neste caso, especialmente, é a divisão que preservará o conjunto porque, caso contrário, não será uma terra para viver, nem para os judeus nem para os árabes, nem para os israelenses e nem para os palestinos.

Porque sem essa divisão, esta terra será da morte.


traduzido por Celso Zilbovicius, PAZ AGORA|BR

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Zwei Feinde in derselben Grube


Salman Masalha

Zwei Feinde in derselben Grube


Ein grundlegendes Problem arabisch-islamischer Gesellschaften ist die fehlende Tradition der Gewissensprüfung. In anderen Gesellschaften ist dieser Prozess solide in der Denkkultur verankert und ermöglicht ständige Selbstkorrektur, aber die arabischen Gesellschaften kennen diesen Mechanismus nicht. Weder schreibt ihn die Religion vor, noch ist es im Interesse der korrupten Regime, ihn zu propagieren; auch die arabischen Intellektuellen – von wenigen Ausnahmen abgesehen – führen diesen Artikel nicht im Sortiment.

Der grosse palästinensische Dichter Mahmud Darwish ist tot und wird zum Krieg in Gaza nicht mehr Stellung nehmen können. Aber im Juli 2008, kurz vor seinem Tod, hat Darwish noch ein Gedicht mit dem Titel «Szenario, im Voraus geschrieben» verfasst: die Vision zweier Feinde, die in dieselbe Grube stürzen. Der eine ist der Dichter selbst, der andere einfach «Der Feind», mit grossgeschriebenem Artikel – der Leser soll sich selbst den Reim darauf machen, wer gemeint ist.

Der Spiegel der Selbsttäuschung
Jetzt klafft die Grube namens Gaza und hat die beiden Gegner verschlungen. Und einmal mehr erfahren die Palästinenser ihre Ohnmacht, nachdem der Spiegel der Selbsttäuschung zersprungen ist. Hani al-Masri, Kommentator der in Ramallah verlegten palästinensischen Tageszeitung «Al-Ayyam», beklagt die laue Reaktion seiner Landsleute in Cisjordanien angesichts der Todesopfer und der Zerstörungen im Gazastreifen. Sie gleiche, so al-Masri, «eher den Solidaritätskundgebungen irgendwo sonst in der Welt als dem Handeln, das man von Angehörigen der betroffenen Nation erwarten würde. Ja, sogar die Solidaritätskundgebungen anderswo waren eindrücklicher als das, was man von der Öffentlichkeit in Cisjordanien zu sehen und zu hören bekam.»

Immer wieder werden dieselben Klagen über das bittere Los der Palästinenser laut, doch nie versucht man sich dabei einer echten Gewissensprüfung zu stellen. «Wir sind schwach, wir sind besiegt . . . deshalb vergebt uns unsere toten Kinder», wendet sich Abdullah Awwad, ebenfalls Kommentator bei «Al-Ayyam», mit beissendem Zynismus an die palästinensische Führungsriege. «Warum gehen Abbas und Mashal eigentlich nicht nach Gaza? Führer sollten bei ihrem Volk sein, nicht bloss auf dem Fernsehschirm . . . aber bis dato hat sich nicht einer von ihnen unter den Kämpfern, unter den Menschen in Gaza gezeigt.»

Der palästinensische Schriftsteller Ali al-Khalili wiederum bedauert, dass sich Araber und Palästinenser aus der Opferrolle hätten verdrängen lassen und dass diese ihrem ungleich stärkeren Widerpart zugefallen sei. «Das Erstaunliche ist», schreibt al-Khalili, «dass die Welt diese Sicht Israels akzeptiert.» Man müsse sich, so argumentiert er weiter, den «Holocaust» in Gaza zunutze machen, um den Palästinensern ihren Opferstatus zurückzugeben, weil dies ihre prädestinierte Rolle gegenüber dem israelischen Gegner sei.

Gottgesandter Feind
Der einzige palästinensische Intellektuelle, der sich deutlich kritisch gegen die Hamas ausgesprochen hat, ist Hassan Khader. Die massive Attacke gegen Gaza, schreibt er, habe Dimensionen, die über die unmittelbaren militärischen Zielsetzungen hinausgingen, welche Israel im Gazastreifen erreichen könne: Es gehe vielmehr darum, eine neue Generation von Waffen auszuprobieren und mit neuen Kriegstaktiken zu experimentieren. Die Hamas habe Israel alle Konditionen für dieses Experiment geliefert. Die Israeli wüssten, so Khader, dass Gott ihnen sozusagen den idealen Feind geschenkt habe, einen, der vor allem Lärm und grosse Worte produziere. «Die Hamas», schreibt er weiter, «hat hier keine Alliierten oder Freunde mehr, weder für die Sache der Palästinenser noch für ihre eigene. Die Hamas hat alles in ihrer Möglichkeit Stehende getan, um den Hintersten und Letzten davon zu überzeugen, dass die Palästinenser Goliath sind und dass man ihnen demzufolge nur mit Gewalt beikommen kann.»

Das bereits erwähnte Gedicht, welches Mahmud Darwish kurz vor seinem Tod veröffentlichte, endet mit folgenden Zeilen: «Hier, an diesem Ort, liegen der Mörder und der Tote in derselben Grube / ein anderer Dichter wird dies Szenario fortschreiben müssen / bis zum Ende.» Und tatsächlich hat sich nun im Verlauf des Krieges in Gaza ein anderer palästinensischer Dichter – nämlich Samih al-Qasim, der zudem israelischer Bürger, Aspirant für den Titel des Nationaldichters und obendrein Ehrenkandidat auf der Liste der Hadash-Partei für die Knesset ist – diese Rolle angemasst. In einem Gedicht mit dem Titel «Predigt für den Freitag der Erlösung» tönt er: «Ich bin der König von Jerusalem. Spross der Jebusiten. Nicht du, Richard . . . / Nimm deine Schwerter, nimm deine Schilde, Richard / Und mach dich auf den Weg. / Dein Stern ist im Sinken, meiner im Steigen . . . / Ich bin der König von Jerusalem / Lass mir das Kreuz / Lass mir den Halbmond / Und den Davidstern . . . / Wenn du willst, verlass das Land lebendig / wenn du willst, verlass es tot.»

Gegenüber solch aufgeblasener Rhetorik wirken Hassan Khaders Worte wie der Strahl eines Leuchtturms: «Es ist eine Ironie des Schicksals, dass der falsche Goliath den echten bedroht . . . dass er verkündet, Israels Ende sei nahe, während der wahre Goliath auf die Palästinenser einschlägt, sie bombardiert und dabei Tränen vergiesst.» Und hatte nicht Mahmud Darwish schon im Juni 2007, nach der Machtübernahme der Hamas im Gazastreifen, diesen Selbstbetrug in einem Gedicht exponiert? «Wie wir gelogen haben, als wir sagten, dass wir was Besonderes sind . . . Die eigenen Lügen zu glauben, ist schlimmer, als andere zu belügen.»

Hoffnung auf den «klugen Regisseur»
Während ich diese Worte schreibe, geht das blutige Spiel im Gazastreifen weiter. Es scheint, dass sowohl die Akteure als auch die Zuschauer hier in der Region nach einer Fortsetzung der Tragödie rufen. Um dieses miese, von miesen Autoren verfasste Szenario zu beenden, würden wir hier vor allem einen klugen und mutigen Regisseur benötigen, der die israelisch-palästinensische Bluthochzeit ein für alle Mal auflöst. Und weil sich hier, wo wir sind, keine klugen Dramatiker und Regisseure finden, muss diese Instanz von aussen kommen – in Gestalt von massivem internationalem Druck, dahingehend, dass die israelische Besetzung beendet und ein palästinensischer Staat in allen seit 1967 besetzten Territorien gegründet werden müsse und dass Palästinenser und Araber ihrerseits sich zu einer genuinen Anerkennung des Staates Israel durchzuringen hätten, die verinnerlichte Überzeugung wäre und nicht bloss ein Lippenbekenntnis. Wenn dies nicht geschieht, dann könnte diese Tragödie nur der Auftakt zu einer Welttournee von blutigen Nachspielen sein.

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POR UNA PARTE y POR OTRA PARTE

Salman Masalha

POR UNA PARTE y POR OTRA PARTE


Estas cosas deben ser dichas de una manera directa sin eufemismos. La situación que se ha desarrollado en esta tierra que se extiende desde el mar Mediterráneo al río Jordán - llámese la tierra de Israel, si usted así le gusta, o llámela Palestina o cualquier otro nombre que crucen sus labios - es sobre todo una tragedia generada por la mano del hombre, aunque los cielos la han rozado.

Por una parte, la organización Hamas, tristemente, no está combatiendo contra la ocupación israelí. Cualquiera persona que reclama, por lo contrario, debe primero que nada tener las pruebas de boca del portavoz mismo de la organización Hamas. Mientras el demandante no defina los límites de la ocupación y no reafirme su reclamo con citas de la boca de Hamas que está resistiendo “esta ocupación,” cualquier cosa que se diga será el equivalente a la vanidad de vanidades, para decirlo suavemente.

La organización Hamas en Palestina, como Osama bin Laden y los Talibanes que lucharon contra la ocupación soviética en Afganistán con la incitación y la ayuda de los Estados Unidos, nacieron con el auxilio del ocupante israelí y son equivalentes a un Golem que se ha alzado y se ha vuelto contra su creador. Hamas disfrutó durante muchos años de la ayuda de los líderes de la ocupación israelí, que quisieron crear un contrapeso a la Organización para la Liberación de Palestina, que había emprendido ya la lucha palestina para la liberación nacional.

Este ensayo fue hecho después del intento - y de su primer fracaso - por los líderes de la ocupación que se nutrieron de una concepción orientalista equivocada que había impulsado hacía ya varios años antes la creación de las asociaciones de asentamientos en los territorios ocupados para constituir un contrapeso al liderazgo urbano, que había alcanzado la OLP en su desarrollo.

La organización Hamas, en que está inmersa profundamente en la ideología islámica, pone en peligro primero y principalmente al nacionalismo palestino, y esto por la simple razón que niega enteramente este nacionalismo, que no hace ningún otro nacionalismo árabe. Desde la perspectiva de Hamas y de su ideología islámica, Palestina no es nada más que una franja de tierra ocupada que pertenece a la nación musulmana que al mismo tiempo aspira a restaurar su gloria antigua bajo la forma de gran califato islámico del cual Palestina constituye solamente una provincia minúscula. La organización de Hamas ha sacado fuerzas no sólo del éxito de la revolución Jomeinista que se arraigó en Irán, sino también del “Hamas judío” que ha emergido en Israel como consecuencia de la profundización de la ocupación israelí en los territorios palestinos después de la guerra del junio de 1967.

Por una parte, aquí en las últimas décadas, todos los movimientos que Israel y sus numerosos gobiernos han hecho, están dirigidos a continuar la ocupación israelí, profundizándola y perpetuándola para frustrar la posibilidad del establecimiento de un estado palestino en esos territorios. Cabe destacar que incluso el acuerdo de la paz que Israel se vio obligado a firmar con Egipto fue suscrito al final con los dientes apretados por parte de la derecha israelí que cree en las ocupaciones. El acuerdo de paz con Egipto, incluso, fue hecho, entre otras cosas, para neutralizar al mayor de los países árabes para poder continuar con la ocupación de los territorios palestinos. “La autonomía palestina” que fue incluida en ese acuerdo reveló las intenciones verdaderas de Israel, en el plan de autonomía, como lo dejó en claro Menachem Begin, en 1979; al señalar que la referencia era para la autonomía de personas y no para la autonomía del territorio. En otras palabras, los habitantes palestinos administrarían sus propios asuntos pero no tendrían el derecho de administrar el territorio. De hecho, el territorio, según el “Hamas judío,” es tierra judía sagrada que ningún gobierno tiene el derecho a renunciar. Y así, la ocupación se profundizó y los asentamientos judíos fueron ampliados y se multiplicaron

De esta manera, así como el Hamas palestino es hostil al interés “nacional” palestino, así también el “Hamas judío” es hostil al interés “nacional” israelí. Y así, en el contexto del conflicto las dos “nuevas naciones emergentes” se han hundido gradualmente en la arena movediza nacional-religiosa; y cuanto más profundo se hunden en la ciénaga de Israel y en el cenagal de Palestina, más se sumen los que demanden exclusividad sobre el pantano, así como los que se están hundiendo en él, peleándose entre sí y ahogando a cada vez más gente bajo sus pies opresores.

Para rescatar a los habitantes de este pantano de arenas movedizas del destino que es conocido y se espera por ambos lados, se hace necesario continuar el proceso para desecar el pantano en vez de pasar el lodo de un lado para otro, en el momento en que los dos grupos están chapoteando en él y en todo caso, empapados de sangre.

Aunque el proceso de desecado no sea fácil porque requiere de un cambio en la conciencia, la única forma de salir del fango, en el que ambos lados continúan forcejeando, es una transformación de la cultura que creó el pantano y que está devorando a sus habitantes. Ni los sepulcros de patriarcas judíos ni los sepulcros de patriarcas árabes deben ser las aspiraciones de judíos y de árabes, porque quienquiera que santifique sepulcros de patriarcas terminará enterrando a sus propios hijos en ellos. Este pantano ya se ha tragado a muchos hijos, de ambos lados, y está aún con sus fauces abiertas.

No soy creyente en nacionalismos de ninguna clase. En mi concepción, el nacionalismo es una enfermedad seria de la raza humana y cuando se mezcla con la religión que santifica sepulcros se convierte en una enfermedad maligna y contagiosa, y ésta es la realidad en la que se ha convertido en esta tierra ante nuestros propios ojos.

Por tanto, esta tierra de arenas movedizas necesita liderazgos valientes, tanto en el lado israelí como en el palestino. Esta tierra necesita una administración israelí valiente que actúe de una manera seria, sin tardamudeos o reprimendas, para terminar la ocupación en todos los territorios ocupados desde 1967. Sí, incluyendo Jerusalén oriental palestino. Esta tierra de arenas movedizas necesita igualmente una dirección palestina valiente que también actúe seriamente, sin vacilaciones o sermones, para terminar la ocupación de 1967 y para hablar valerosa y francamente a su gente para lograr el reconocimiento recíproco entre ambas tierras como dos estados independientes con todo lo que eso conlleva en el derecho internacional. El momento en el que cada uno de los dos pueblos, en dos estados independientes, construya un estado secular y democrático en su propio lado, dejando en claro, que la frontera entre ambos no tendrá ningún significado. Hasta entonces, seguiremos esperando a dos “Mesías,” un Ataturk israelí y un Ataturk palestino. Hasta entonces, ambos lados tendrán que darse cuenta que no hay mayor tierra de Israel y no hay una mayor Palestina.

Cada uno en cuyo corazón el amor de esta tierra entera, con todos sus paisajes, sus lugares y sus habitantes, esté plantado profundamente debe pensar en repartírsela entre un Israel más pequeño y una Palestina más pequeña. Precisamente en este caso, es el reparto el que preservará el conjunto, porque si no, no será tierra de la vida, ni para los judíos ni para los árabes, ni para los israelíes ni para los palestinos. Porque si no, solamente la muerte tendrá aquí un país floreciente.


5/1/2009

(Traducción al español: Sergio Badilla Castillo)

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    Wie geht es weiter?

    Es mag schwierig erscheinen, nach dem Gaza-Krieg über Frieden zu sprechen. Aber es ist Zeit, sich mit den wesentlichen Streitpunkten auseinanderzusetzen, die eine Verständigung zwischen Palästinensern und Israelis verhindern. Israelis müssen zuerst an Israelis denken, nicht an Juden.


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    L’honneur sacré des Arabes

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    Öncelikle konu İran olduğunda Başbakan Benjamin Netanyahu’nun haklı olduğu anlaşılmalıdır. Ayetullah’ların yönetimi devralmasından beri İranlı liderler İsrail hakkında konuşmaktan bıkmamıştır.


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